Les garçons de Vudhavi Karangal visitent Auroville

C’était il y a quelques années. Adélaïde Raulais habitait Auroville avec sa famille. Artiste, elle a proposé à Alice Thomas d’animer des classes de stimulation créative qui ont fort bien réussi. Un jour elle a proposé aussi de faire découvrir Auroville à ses élèves. Voici le récit de cette visite.


Un samedi matin je retrouve le groupe de garçons dont j’anime les ateliers de peinture. Ils sont une vingtaine entre 13 et 16 ans, habillés de leur plus belle chemise, les yeux brillent en se retrouvant dans ce cadre si différent : nous sommes au Visitor Center d’Auroville, et nous nous apprêtons à aller au Matrimandir : la boule d’or, comme ils disent.
Nous rejoignons le groupe de visiteurs de la journée, une bonne soixantaine de personnes venues du monde entier. On nous mène en car jusqu’à l’enceinte des jardins. Là on nous fait asseoir pour nous expliquer l’esprit du lieu : silence, calme, apprendre à être là sans rien d’autre. Une personne dévouée traduit en tamoul pour les garçons. On ne doit rien toucher, rien dire, mettre des chaussettes…
Respectueux, le groupe se met en route, traversant le jardin paradisiaque, passant sous le banian centenaire, se recueillant d’abord au Lotus pond une immense fontaine où l’eau coule sur des pétales de marbre.
Le groupe est assis autour de cette eau éternellement mouvante. Puis on nous mène à la chambre intérieure. On passe par une grande rampe en spirale, et enfin on arrive dans la grande salle blanche, aux colonnes blanches, aux coussins blancs et au rayon de soleil tombant verticalement sur une sphère de cristal unique lumière du lieu. Silence. C’est cela qui impressionne les garçons. Jamais ils n’ont vécu un tel silence dans leur Inde quotidienne si bruyante.

Nous repartons et allons rendre visite à Krishna dans sa ferme de permaculture. Krishna est Anglais d’origine et il leur parle en tamoul avec passion, les guide dans la plantation, leur expliquant la qualité de consommer ce qui pousse localement : bon pour la santé, demandant moins d’énergie pour le transport, ni de passer par une usine. On a même le droit de goûter, de grimper aux arbres, c’est la fête. La fête encore en partageant le repas fait avec les produits de l’exploitation ; on peut même en reprendre et on repart avec une caisse pleine de papayes et de mangues. La joie !
La prochaine fois, tu nous emmèneras à la plage, d’accord ? me demandent-ils. Pourquoi pas, c’est si simple de les combler, ils sont si réceptifs à ces valeurs qui coûtent peu et font de la vie un trésor.

Adélaïde Raulais